Zoom artiste : La joie de vivre de Raoul Dufy

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À l’occasion de l’exposition « L’ivresse de la couleur » à l’hôtel de Caumont à Aix en Provence, Talivera vous fait découvrir le peintre Raoul Dufy (1877-1953), un des grands maîtres de la peinture moderne.

Artiste prolifique, l’œuvre de Dufy compte plus de 3 000 toiles, 6 000 grandes aquarelles, 6 000 dessins, mais également des bois gravés, des lithographies, des tapisseries, des tissus…

L’esprit des paysages

Raoul Dufy démarre la peinture et choisit tout simplement de représenter sa ville natale qu’il affectionne particulièrement, Le Havre, la ville, son bord de mer, le port et ses environs. Un de ses premiers grands tableaux sera la plage de Sainte-Adresse rendue célèbre par les peintres Eugène Boudin et Claude Monet. 

Quand il part en Provence en 1903, Dufy séjourne dans un premier temps à Martigues, la Venise provençale et peint une série de paysages représentant la ville et ses canaux. Les paysages lumineux du Midi seront la principale source de son inspiration durant les vingt prochaines années.

La plage de Sainte-Adresse de Raoul Dufy
Le Port de Martigues – 1904 de Raoul Dufy
Paysage de Vence 1908 de Raoul Dufy

Du réalisme de l’impressionnisme au fauvisme vers le cubisme, Dufy développe son propre style sur son thème favori des paysages. Il y rajoute la profondeur, jouant avec les contrastes des couleurs, réduisant sa palette, créant le mouvement. Raoul Dufy cherche à délivrer l’esprit des paysages qui sont dans sa vie.

Arbres à l’Estaque 1908 de Raoul Dufy

Quand il se rend à L’Estaque, près de Marseille avec Georges Braque, Dufy y signe sa célèbre peinture Arbres à L’Estaque.

Un paysage peint n’est plus jamais naturel. L’art est une création, comme la musique ou la poésie. Raoul Dufy

Raoul Dufy

Au delà de la peinture, un créateur

Raoul Dufy fait évoluer son style mais l’artiste a besoin de se faire connaître. C’est alors que pour vivre il s’initie à la gravure sur bois et illustrera Le Bestiaire d’Apollinaire, il en fera d’autres pour les Poèmes légendaires de France et de Brabant d’Émile Verhaeren. Ce travail lui donne l’idée de créer des impressions de tissu.

Bois gravés pour le Bestiaire d’Apollinaire

Appelé par le grand couturier Paul Poiret qui a été impressionné par ses gravures, il se lance dans la création de motifs pour les tissus de mode et de décoration. Avec Paul Poiret, il monte une petite entreprise « La Petite Usine » où il y imprime ses premières étoffes qui contribueront à la renommée de Paul Poiret. 

A partir de 1923, il travaille avec le céramiste catalan Artigas. D’emblée, les deux hommes se comprennent et le céramiste apprécie la fantaisie décorative et le talent du peintre.

L’artiste est ensuite engagé par la maison de soieries lyonnaise Bianchini-Férier pour laquelle il créera d’innombrables motifs d’après ses thèmes favoris (naïades, animaux, oiseaux, fleurs, papillons…).

Dufy excelle aussi dans la composition de décors et costumes de théâtre pour la Comédie-Française. Il travaille également à de très grands panneaux pour le palais de Chaillot : La Seine de Paris à la Mer. Othon Friesz réalise ceux de La Seine de la source à Paris.

En 1936, il reçoit une nouvelle commande, étonnante, venant de la compagnie d’électricité, future EDF, qui souhaite une décoration murale de grande taille pour mettre en valeur les progrès de l’électricité en France à l’occasion de l’Exposition internationale de 1937 à Paris.

L’oeuvre s’appellera « La Fée électricité ». Aujourd’hui, l’oeuvre est toujours exposée au cœur même du bâtiment qui est devenu le Musée d’Art Moderne de Paris. Elle comprend 250 panneaux et se lit de gauche à droite comme une belle histoire avec le fil conducteur de l’invention de l’électricité. La Fée Électricité de Raoul Dufy est l’une des plus grandes peintures au monde !

La Fée Électricité – 1937 Raoul Dufy (Musée Art Moderne – Paris)

Des couleurs toujours plus vives

Sa peinture évolue vers un chromatisme éclatant de lumière et les couleurs de ses tableaux deviennent plus vives.

En 1926, en regardant une petite fille qui court sur le quai de Honfleur, il comprend que l’esprit enregistre plus vite la couleur que le contour. Il va alors dissocier les couleurs et le dessin. Il ajoute son dessin à de larges bandes de couleurs horizontales ou verticales, ou bien à de larges taches colorées.

Dans ses tableaux, il abandonne progressivement les larges bandes de couleurs pour une teinte d’ensemble dominante.

« Manier des couleurs et des lignes, n’est-ce pas une vraie diplomatie, car la vraie difficulté c’est justement d’accorder tout cela. »

Raoul Dufy

Dans Le Jardin abandonné, les couleurs vives déterminant des zones relativement arbitraires auxquelles se surajoutent les dessins des divers éléments.

Le Jardin abandonné – 1913 de Raoul Duffy

Dufy se rend compte que, pour l’œil, les couleurs ont leur vie propre, débordent les objets, et cela surtout dans l’expérience de la perception du mouvement. D’où l’usage de ce que Pierre Cabanne appelle « les flaques de couleurs juxtaposées ». La dissociation entre la couleur et le dessin est parfois très poussée, et Dufy installe souvent les objets réduits à un contour sur trois ou quatre larges plages colorées.

Le monde de Dufy rayonne de couleurs et de lumière. Les paysages sont radieux et les gens apparaissent en harmonie dans ses toiles. Chez Dufy, le noir est juste là pour renforcer la couleur comme la joie de vivre.

Vous souhaitez en savoir plus sur l’artiste Dufy et découvrir son exposition depuis le confort de votre salon, Talivera vous y emmène à l’occasion de notre prochaine conférence en ligne : Dufy L’ivresse de la couleur.

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