Le roman de Boris Vian, L’Écume des jours, est adapté au théâtre du Lucernaire avec ses plus grandes chansons par Claudie Russo-Pelosi et la compagnie des Joues Rouges. Les comédiens et comédiennes chantent, dansent, nous font rire et nous émeuvent, captant avec finesse la poésie, la légèreté et la belle tristesse du roman. Sur scène, la machine à écrire cliquète, le pianocktail pianote, la magie opère.
L’Écume des jours : tourbillon de jeunesse, d’amour et de vie
L’Écume des jours est un roman d’amour, de jeunesse, de joie de vivre, d’amitié. Colin vit dans un joli appartement, il a des amis extravagants qui aiment danser, jouer du jazz sur le pianocktail et boire les mélodies. Le soleil entre par toutes les fenêtres de sa vie. Et Colin veut être amoureux. C’est alors qu’il rencontre Chloé. Leur histoire d’amour est merveilleuse, leur joie d’être ensemble inonde l’appartement et ravit leurs amis. Ils sont enveloppés d’un doux nuage rose. Jusqu’à ce que Chloé tombe malade. Elle est prise d’un mal étrange : un nénuphar envahit ses poumons. Elle doit reposer dans un amoncellement de fleurs afin d’effrayer le nénuphar, de l’empêcher de fleurir et de grandir. Colin est désespéré, l’appartement rétrécit, la lumière ne passe plus par les fenêtres, son majordome vieillit, tout décline à mesure que la maladie de Chloé grandit. Colin aurait voulu faner avec Chloé, mais la jeune femme s’éteint dans la fleur de l’âge, retirant la lumière de son monde.
Les personnages vivent fort, sont empreints d’un idéal amoureux, crient leur jeunesse, la chantent sans cesse, car la vie peut à tout moment mettre un terme à leur fragile bonheur. Leurs chants, leurs danses, leurs rires sont le signe d’une urgence à vivre goulûment, avant que ça ne s’écroule, avant qu’ils ne puissent plus.
Cette histoire est entièrement vraie, puisque je l’ai imaginée d’un bout à l’autre.
Boris Vian
Une mise en scène à l’image d’un bonheur éphémère
Quand l’auteur commence à écrire son roman, les personnages prennent vie sur scène : l’écrivain est à la fois le marionnettiste, le chef d’orchestre et le spectateur des actions et des volontés de ses personnages. Au récit se mêlent les grandes chansons de Boris Vian, « Fais-moi mal », « Je suis snob », « La complainte du progrès », « Rock’n’roll mops », « Je voudrais pas crever » et d’autres, nous donnant l’occasion d’apprécier l’esprit, l’humour et la poésie de Boris Vian.
La mise en scène de Claudie Russo-Pelosi est très colorée, à l’image de la joie qui meut les personnages : les robes à pois tournoient, les talons claquent, les confettis volettent. Quand la maladie se déclare, la scène s’assombrit, symbolisant le déclin. Le mal de Chloé est habilement représenté par une chemise blanche sur laquelle sont projetés des entremêlements végétaux, des arabesques qui tournoient sur sa poitrine. La scène s’assombrit, mais elle est envahit de fleurs de toutes les couleurs : dans la tristesse du déclin persistent une poésie et une joie, l’écume des moments passés, du bonheur vécu, attrapé de justesse et saisi à jamais.
Les comédiens et les comédiennes nous font passer un moment merveilleux : on rit très fort, on est ému beaucoup, c’est un spectacle intense et délicieux. Nous vous invitons vivement à vous y rendre, car ces talents-ci méritent d’être appréciés par beaucoup d’yeux.
Cléo Ragasol
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Très joli spectacle, si romantique, qui reprend la trame de l’écume des jours, l’amour passion entre Colin et Chloé, l’idéalisme de cette époque marquée par le rythme du jazz et des chansons au pianocktail. Merci Talivera pour cette belle soirée