Yves Saint Laurent est un des créateurs de mode les plus célèbres au monde. Du couturier à l’artiste, reconnu pour ses créations modernes et révolutionnaires, Yves Saint Laurent est surtout celui qui a réinventé la féminité !
En l’honneur des 60 ans de son premier défilé à Paris le 29 janvier 1962, alors qu’il n’avait que 26 ans, une rétrospective d’ampleur est proposée dans six musées parisiens : le Centre Pompidou, le Musée d’Art Moderne de Paris, le Musée du Louvre, le Musée d’Orsay, le Musée national Picasso-Paris et le Musée Yves Saint Laurent Paris.
L’occasion est parfaite pour redécouvrir ses créations, mais aussi pour aller plus loin et comprendre les liens qu’il a tissés avec les artistes. Bien que couturier ancré dans son époque, Yves Saint Laurent s’est inspiré à plusieurs reprises d’oeuvres de maîtres pour ses collections.
Un créateur prodige
Yves Saint Laurent est né en 1936 à Oran en Algérie, il y passe son enfance dans un milieu bourgeois avant de rejoindre Paris à 19 ans pour étudier à la Chambre syndicale de la couture parisienne. Dessinateur et couturier prodige, il est très vite repéré par la maison Dior où il exerce comme assistant. En 1957, soit deux ans après son arrivée dans la maison de couture, il est désigné comme remplaçant de Christian Dior après la mort de celui-ci. Il devient donc directeur artistique de Dior à seulement 21 ans. Sa première collection « trapèze » connait un immense succès.
La modernité fait l’originalité d’Yves Saint Laurent dans ses débuts. Pour sa première collection, il propose des silhouettes définitivement jeunes, à la taille non marquée qui tranchent avec les créations iconiques de son prédécesseur Christian Dior. En effet, depuis la fin de la guerre, la maison Dior avait construit son succès sur des allures « New Look » très habillées. Elégantes certes, mais réservées à des élites et à des événements mondains. A l’inverse, Yves Saint Laurent bouleverse les codes de la maison en proposant des allures plus pratiques et plus démocratiques. D’ores et déjà, Yves Saint Laurent propose une image de la femme dynamique et libre.
Une révolution vestimentaire
En 1960, Yves Saint Laurent est cependant licencié de la maison Dior en raison de problèmes de santé et d’un départ imminent pour son service militaire. Sous les conseils de Pierre Bergé rencontré en 1958, il crée sa propre maison « Yves Saint Laurent ». Dès les premières collections en 1962 se trouvent les pièces qui feront l’ADN de la maison : les cabans et les trench-coats. Rapidement après arriveront ensuite les smokings féminins, les tailleurs pantalons et ses célèbres sahariennes.
Yves Saint Laurent révolutionne donc complètement le vestiaire parisien en offrant aux femmes une mobilité nouvelle et une forme d’androgynie. Les pièces sont pratiques, intemporelles, ce sont les basiques d’une garde-robe. Les vêtements sont destinés à être portés véritablement par les femmes, et non à rester soigneusement dans des placards comme c’était le cas des robes de Dior. Grâce aux codes du vestiaire masculin et notamment grâce aux pantalons, il permet aux femmes de s’affirmer dans leur apparence.
« Les femmes de Saint Laurent sont sorties des harems, des châteaux et même des banlieues, elles courent les rues, les métros, les Prisunic, la Bourse. » résumait Marguerite Duras
Habillées comme les hommes, elles peuvent s’affirmer comme eux dans la société et au travail. Les pièces sont à la fois pratiques et fortes : toujours en avance sur son temps, Yves Saint Laurent annonce dès ses premières collections en 1962 tout ce qui fera la tendance des années 70.
La mode pour toutes
Inspiré par des femmes modernes et créatives, Yves Saint Laurent aura beaucoup de muses célèbres comme Betty Cartroux, Loulou de la Falaise ou encore Paloma Picasso. Il refuse d’habiller uniquement des clientes riches et bourgeoises : il veut habiller toutes les femmes, celles qu’il croise dans la rue et qui l’inspirent. C’est d’ailleurs l’un des premiers créateurs à faire défiler des mannequins noires, et ce dès 1962.
En 1966 il ouvre alors « Yves Saint Laurent Rive Gauche » qui est la première boutique de prêt-à-porter associée à une maison de haute-couture. Le succès est immédiat et international, et dès 1968 Yves Saint Laurent ouvre d’autres boutiques en France, mais aussi à New-York puis à Londres.
Les femmes du monde entier se reconnaissent dans les créations d’Yves Saint Laurent qui témoignent parfaitement des évolutions rapides de la décennie quant aux libertés de la femme. Désormais actives, ayant plus de droits politiques, et n’ayant plus le temps d’aller se faire fabriquer des robes sur mesure, elles préfèrent aux créations compliquées de la haute-couture des pièces intemporelles, chics et appropriées à leur vie quotidienne.
Des œuvres d’art à porter
La modernité d’Yves Saint Laurent ne s’exprime pas uniquement dans le caractère novateur des pièces qu’il dessine. Ses inspirations traduisent également de son œil extraordinaire pour ceux qui deviendront les grands noms de l’art moderne que l’on connait aujourd’hui. En 1965, ses robes « Mondrian » proposent aux femmes de s’habiller des tableaux géométriques du peintre tout en ayant la forme classique « trapèze » des robes à succès des années 1960. L’art traditionnel comme la mode des années 1950 est ainsi rejeté par Yves Saint Laurent au profit de la modernité.
La modernité d’Yves Saint Laurent ne s’exprime pas uniquement dans le caractère novateur des pièces qu’il dessine. Ses inspirations traduisent également de son œil extraordinaire pour ceux qui deviendront les grands noms de l’art moderne que l’on connait aujourd’hui.
En 1965, ses robes « Mondrian » proposent aux femmes de s’habiller des tableaux géométriques du peintre tout en ayant la forme classique « trapèze » des robes à succès des années 1960. L’art traditionnel comme la mode des années 1950 est ainsi rejeté par Yves Saint Laurent au profit de la modernité.
Il s’adresse ainsi aux jeunes femmes, en leur proposant des jupes courtes mais aussi colorées et ludiques. C’est une libération des carcans traditionnels, aussi bien esthétiques, artistiques que politiques que symbolisent alors les vêtements d’Yves Saint Laurent.
Le créateur réalisera par la suite de nombreuses autres collections s’inspirant toujours de l’art moderne : les robes « pop art » en 1966 en hommage à Andy Warhol, mais aussi des hommages à Matisse, Cocteau, Picasso ou encore Braque dans les années 1970-1980.
Après une carrière au succès ininterrompu, Yves Saint Laurent annonce en 2002 qu’il prend sa retraite. Grand collectionneur d’art, il se concentre jusqu’à sa mort en 2008, à la fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent.
Pendant sa carrière de plus de 40 ans, Yves Saint Laurent aura contribué sans relâche à libérer la femme grâce au vêtement qui devient un outil de libération et de liberté à défaut d’immobiliser les femmes dans des robes inconfortables. Les créations d’Yves Saint Laurent continuent aujourd’hui d’être des basiques intemporels et d’inspirer les garde-robes des femmes du monde entier.
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