Zoom artiste : Yayoi Kusama

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Yayoi Kusama est aujourd’hui une figure majeure et omniprésente de l’art contemporain. Connue pour ses installations colorées, ses œuvres plongent les spectateurs dans un univers hypnotique et irréel. Yayoi Kusama est célébrée dans le monde entier, la pop culture lui rend régulièrement hommage et on ne compte plus les rétrospectives que les musées internationaux et galeries d’art lui consacrent. Retour sur la carrière de cette artiste prodige, excentrique et engagée !

Une peintre rebelle et prodige

Yayoi Kusama est née en 1929 dans une famille aisée de la ville de Matsumoto au centre du Japon. Dès son plus jeune âge elle se passionne pour le dessin et passe ses journées à reproduire les fleurs qui se trouvent dans les champs de ses parents.

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Yayoi Kusama en 1939 @Yayoi Kusama
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Yayoi Kusama en 1950 @Yayoi Kusama Studio

Très vite, le dessin est un moyen pour la jeune Yayoi Kusama de gérer les hallucinations dont elle est victime. En effet, dès l’âge de 10 ans elle déclare « Un jour, après avoir vu, sur la table, la nappe au motif de fleurettes rouges, j’ai porté mon regard vers le plafond. Là, partout, sur la surface de la vitre comme sur celle de la poutre, s’étendaient les formes des fleurettes rouges. Toute la pièce, tout mon corps, tout l’univers en étaient pleins ». Dès lors ces fleurs et leurs formes rondes vont devenir l’obsession de l’artiste, qui en fera sa marque de fabrique.

En décembre 1941, après l’attaque de Pearl Harbor, le Japon entre en guerre et Yayoi Kusama se retrouve mobilisée pour la fabrication de parachutes et d’uniformes militaires dans une usine de textile. Malgré les conditions de travail difficiles, elle continue de dessiner sans relâche.

En 1945 alors qu’elle a à peine 16 ans, Yayoi gagne un prix et expose ses œuvres. Elle fait alors le choix de partir à Kyoto pour étudier la peinture. Cette décision de poursuivre une carrière artistique n’était pas commune pour une femme à l’époque, et Yayoi Kusama a du faire face à de violentes oppositions familiales. Déjà très engagée contre l’oppression et le patriarcat, Yayoi Kusama poursuit quand même sa volonté, ouvrant la voie à une génération d’artistes japonaises après elle.

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La troisième exposition de Yayoi Kusama, à Tokyo, en 1954 @Yayoi Kusama Studio

Une artiste au centre de l’avant-garde artistique

Déçue de la formation artistique traditionnelle japonaise, qu’elle juge décalée, Yayoi Kusama arrête rapidement ses études pour étudier la peinture en autodidacte. Son style marqué et son tempérament provocateur se font vite remarquer. Dès 1952, l’artiste peut exposer seule et reçoit un succès grandissant au Japon.

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Yayoi Kusama dans son studio en 1958 @Yayoi Kusama Studio

Cependant, Kusama a envie de voyager et surtout de partir aux Etats-Unis alors épicentre mondial de l’avant-garde artistique. Malgré de faibles économies, elle quitte le Japon pour New York grâce à l’aide de son amie la peintre Georgia O’Keeffe.

A New-York, Kusama vit une existence frugale mais se fait vite remarquer pour ses expérimentations artistiques. Proche du milieu du pop art sans pour autant y appartenir complètement, elle côtoie les artistes avant-gardistes majeurs de l’époque comme Rothko ou encore Warhol.

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Installation à New York en 1965 @Yayoi Kusama

En 1960 elle publie son « Manifeste de l’oblitération » où elle déclare « Ma vie est un pois perdu parmi des milliers d’autres pois… ». » Les pois vont être le motif récurrent de son œuvre, se retrouvant parmi ses peintures, ses performances jusqu’à sa marque de vêtement Kusama Fashion Company qui réalisera de nombreuses collaborations à succès avec des marques de luxes comme Marc Jacobs ou de prêt-à-porter comme Uniqlo.

Rencontrant un succès important aux Etats-Unis dans les années 1960, elle va progressivement orienter son œuvre vers la performance et le happening.

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@The Guardian

Un retrait progressif de la scène médiatique

La suite de la carrière de Yayoi Kusama va être majoritairement consacrée à des happenings d’abord provocateurs, comme lorsqu’elle s’impose à la Biennale de Venise en 1966, pour progressivement être plébiscités par les musées.

Ces performances se caractérisent encore et toujours par des formes rondes, mais aussi souvent par du body painting et par des corps nus. Provocateurs et politiques, ces happenings ont plusieurs fois été interrompus par les forces de police car ils se déroulaient dans des lieux à fort passage.

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Performance à New York en 1967 @Hervé Gloaguen

En 1973 Kusama rentre au Japon, fatiguée mentalement de sa carrière intense. En 1977, elle intègre un hôpital psychiatrique pour y vivre, dans lequel elle possède également un atelier pour qu’elle puisse maintenir ses activités artistiques et créatives. Car Kusama n’est pas que peintre et performeuse, elle a également sa propre marque de mode prolifique, et écrit poésie et essais, ainsi que des romans, dix-neuf à ce jour.

Malgré ce relatif retrait de la vie artistique, Yayoi Kusama s’est imposée comme une artiste incontournable de l’art contemporain, aujourd’hui célébrée partout dans le monde par des rétrospectives et qui continue d’être plébiscitée sur la scène artistique mondiale.

Yayoi Kusama a mis son art naïf et pop au service de causes politiques qui lui tiennent à cœur comme le féminisme ou la lutte contre la société de surconsommation, messages qui aujourd’hui continuent de raisonner et qui rendent ses œuvres plus que jamais au goût du jour !

Une exposition à Berlin de Yayoi Kusama aurait du démarrer ce mois-ci au Gropius Bau mais elle a été reportée du fait de la crise sanitaire avec la fermeture des musées et ouvrira en mars 2021. Il s’agira de la première rétrospective de l’artiste en Allemagne ! A suivre…

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