Sarah Bernhardt : scandaleuse, divine, sublime au Petit Palais

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Sarah Bernhardt (1844-1923) est une véritable légende. Actrice scandaleuse et libre, douée d’un talent hors pair, elle connaît une gloire sans précédent.

Femme infatigable et passionnée, elle est libre et engagée. Fascinant les artistes, elle a été beaucoup représentée : le musée du Petit Palais détient l’un de ses plus beaux portraits, celui de son amant et ami Georges Clairin, qu’elle gardera chez elle jusqu’à sa mort.

À l’occasion du centenaire de la mort de l’actrice, le musée du Petit Palais nous offre une exposition passionnante : « Sarah Bernhardt – Et la femme créa la star ». Talivera vous y emmène. Cette visite vous fera rêver, vous en ressortirez envoûté par l’univers extraordinaire de la première star de l’Histoire. Plongez dans son monde en parcourant les différentes salles : certaines au décors feutré, reproduisant le salon de la star, vous feront ressentir sa personnalité exubérante ; d’autres, exposant ses costumes et bijoux, vous donneront l’impression de la voir jouer devant vous au théâtre. Avec Talivera, retour sur l’actrice, l’artiste, le mythe, l’intime.

Sarah Bernhardt vêtue d'un drapée blanc l'année 1864
Félix Nadar, Sarah Bernhardt drapée de blanc, 1864 © BnF

La première star de l’Histoire : le mythe Sarah Bernhardt

Après une enfance en province, Sarah Bernhardt rejoint sa famille maternelle à Paris dans les années 1850. Comme sa mère et sa tante, elle devient à son tour une demi-mondaine. Sous l’impulsion du demi-frère de Napoléon III, elle entre au Conservatoire. Elle est révélée en 1869 au théâtre de l’Odéon dans un rôle travesti. Mais c’est en 1872 qu’elle triomphe dans le rôle de la Reine dans le Ruy Blas de Victor Hugo. Elle intègre alors la troupe de la prestigieuse Comédie Française. Connue tant pour son talent que pour son tempérament bien trempé, elle est encensée par la presse et surnommée « Mademoiselle Révolte ».

Cependant, Sarah Bernhardt s’ennuie : ses rôles ne la satisfont pas et, après un échec dans L’Aventurière d’Émile Gautier, mauvaise pièce dans laquelle elle ne voulait pas jouer, elle décide de démissionner de la Comédie Française avec bruits et fracas et envoie sa lettre de démission à la presse.

« C’est mon premier échec à la Comédie-Française. Ce sera le dernier. »

Sarah Bernhardt avec une grande robe blanche assise à une console et avec une boite à bijoux. 
elle joue le rôle de la Reine dans Rue Blas de Victor Hugo.
« Portrait de l’actrice Sarah Bernhardt (1844-1923) dans le rôle de la Reine, dans Ruy Blas de Victor Hugo, vers 1872 « . Photo d’Étienne Carjat (1828-1906). Paris, musée Carnavalet.

Sarah Bernhardt devient un véritable mythe, la figure de la première star de l’Histoire. Vivant entourée d’artistes, ce sont eux qui participeront à la construction du mythe Sarah Bernhardt. Jean Cocteau invente pour elle l’expression de « monstre sacré », Victor Hugo vante sa « Voix d’Or », Sarah Bernhardt est la Scandaleuse, la Divine, la Grande Sarah.

Elle fait l’objet de très nombreuses représentations par ses amis peintres, ne rechigne pas à apparaître dans des images de réclame vendant des produits du quotidien et apparaît dans des caricatures glorifiantes ou cruelles, mais toujours significatives de sa popularité. Le succès de l’actrice s’étend outre-atlantique : en 1880-1881, elle part pour une grande tournée en Amérique, donne 156 représentations dans cinquante villes et est accueillie partout comme une star, préfigurant l’aura qui entoure les figures du cinéma hollywoodien.
Sarah Bernhardt officie également au cinéma après ses cinquante ans, sa gestuelle théâtrale caractérisant ses rôles de cinéma muet. Son dernier passage glorieux à l’écran : celui de ses funérailles suivies par un immense cortège d’admirateurs endeuillés, filmées par les actualités de l’époque, et entérinant le statut de star de l’artiste et le mythe qui l’entoure.

Une artiste hors pair aux talents multiples

Sarah Bernhardt fut une actrice de génie qui a marqué l’histoire du théâtre français par ses grandes interprétations. Le répertoire de Sarah Bernhardt est multiple, allant des classiques de Racine, dans son rôle de Phèdre, aux pièces de ses contemporains Victor Hugo et Alexandre Dumas fils, dans La Dame aux Camélias. Elle est célèbre pour ses scènes finales d’agonies tragiques, mais également pour ses rôles en travesti : ceux-ci marquent sa carrière et sont reconnus comme ses prestations les plus célèbres. En effet, Sarah Bernhardt est la première femme à jouer Hamlet dans la grande pièce de Shakespeare. L’actrice déclare préférer les rôles masculins qu’elle juge plus intéressants à incarner que les rôles traditionnellement dévolus aux actrices.

Sarah Bernhardt habillée en Pierrot de la lune
Paul Nadar, Sarah en pierrot, © BnF

Entourée d’artistes, elle aussi influencée par eux : elle se met à la sculpture et fait preuve d’un grand talent. Elle est régulièrement exposée au Salon et se fait construire un somptueux atelier dans lequel elle se met en scène dans des photographies prises par ses amis. Critiquée dans la presse pour la multiplication de ses activités artistiques, Émile Zola prend sa défense : « Qu’on fasse une loi tout de suite pour empêcher le cumul des talents ! », preuve de la reconnaissance de l’artiste par ses prestigieux contemporains.

Sarah Bernhardt posant à côté de la sculpture son buste
Sarah Bernhardt sculptant / Photo © BnF, Dist. RMN-Grand Palais

Actrice, artiste sculptrice, Sarah Bernhardt fut aussi une femme d’affaires redoutable : en 1899, elle prend la direction du Théâtre des Nations situé place du Châtelet (actuel Théâtre de la Ville) qui devient alors le Théâtre Sarah Bernhardt. Elle y lance de somptueux travaux, mettant à profit le talent de ses amis artistes : Georges Clairin, Louise Abbéma, Alfons Mucha sont chargés par elle de créer un nouveau décor. Infatigable, elle occupe tout à la fois les rôles de meneuse de troupe, de décoratrice, de metteuse en scène et de programmatrice. Elle y joue plus d’une quarantaine de rôles et y met en avant vingt-cinq pièces inédites, faisant de ce théâtre un haut-lieu de la culture théâtrale parisienne.

« J’ai fait de ce théâtre l’un des plus beaux, un des premiers théâtres de Paris, sa célébrité est mondiale. »

Une femme passionnée, libre et engagée

Femme de théâtre, Sarah Bernhardt transporte son amour pour le décor jusque dans ses appartements. Son intérieur est spectaculaire, bizarre et foisonnant. À l’image de son caractère fort et de son aura, elle construit un intérieur excentrique et cultive une esthétique pleine de liberté en faisant fi des conventions. Elle développe un goût pour le morbide, sans doute dû à sa santé fragile, s’entoure de memento mori, témoigne d’une attirance pour un bestiaire étrange et fantastique de fauves et de chauve-souris et se fait même photographier dans un cercueil. Son goût pour le bizarre témoigne de son excentricité et de sa liberté. Sarah Bernhardt est une femme libre qui cultive sa liberté dans l’intime, s’amuse et se met en scène, non plus seulement au théâtre, mais aussi chez elle.

Sarah Bernhardt est en outre une femme engagée. En 1870, lors de la guerre contre la Prusse et en soutien à l’effort guerrier, elle met en place une ambulance militaire au théâtre de l’Odéon : elle fait installer soixante-dix lits au cœur du théâtre pour y accueillir les soldats. Pendant l’affaire Dreyfus, elle se range aux côté d’Émile Zola à la parution de son texte J’accuse. Elle sera alors victime de l’antisémitisme ambiant. Au cours de la Première Guerre mondiale, elle se produit au Théâtre aux Armées avec d’autres vedettes : elle joue sur le Front en soutien au moral des soldats mobilisés (elle est alors amputée de la jambe droite depuis 1915, mais son engagement ne fléchit pas). En 1916, elle s’embarque pour une tournée de dix-huit mois aux États-Unis afin de sensibiliser le pays au sort de l’Europe. L’engagement de Sarah Bernhardt dans les luttes de son temps ne connaît pas de frontières et sa figure de femme libre et glorieuse suffit à montrer son engagement intime et politique dans une époque peu propice au pouvoir des femmes.

Sarah Bernhardt en Théodora avec des habits de lumière et une couronne
Anonyme, Sarah en Theodora © Roger Viollet

Découvrez le parcours de cette femme prodigieuse, la première star de l’Histoire, une figure inspirante de liberté et de créativité. Réservez votre place sur le site de Talivera en cliquant ici. Notre guide Françoise vous conduira dans l’exposition du musée du Petit Palais et vous racontera la vie, le mythe et l’intimité de Sarah Bernhardt.

Cléo Ragasol

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📍Exposition au Petit Palais à Paris : Sarah Bernhardt – Et la femme créa la star

📆Exposition jusqu’au 27 août 2023

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