Si les deux artistes sont des pops stars, célébrés pour avoir brisé les codes et préfigurer la modernité, l’idée de les réunir lors d’une exposition est inédite. 40 ans les séparent, l’un meurt quand l’autre commence à marquer la scène artistique. Le temps les divise, mais l’art les conjugue. Cette exposition est l’occasion de rentrer dans l’intimité d’une discussion entre deux génies dont les œuvres sont confrontées dans deux musées : le Musée Picasso et le musée Rodin. Les institutions nous offrent une balade poétique et fragmentée, à l’image des deux artistes.
Une rencontre fortuite et scandaleuse
Ils ne se sont jamais rencontrés, rien ne l’atteste, pourtant quand on confronte leurs deux œuvres, des points communs flagrants apparaissent. Leur premier point commun est la perception de leurs œuvres par le public, tous deux créaient le débat et suscitaient la polémique. Ils écrivent l’histoire de la peinture, en avance constamment sur leur temps. Si aucun échange artistique n’a eu lieu, Picasso a rencontré l’œuvre de Rodin lors de l’Exposition Universelle. Il est tout de suite séduit, ses sculptures auront à tous jamais la marque de Rodin.
Lors de l’exposition, ses deux sculptures se confrontent. On voit à quel point les deux œuvres ont des points de rapprochement. Enfermés dans le mouvement, la difformité, les deux portraits sculptés dialoguent et forment une continuité.
L’amour de la distorsion : l’inauguration du cubisme
Si Picasso développe sa production de sculptures lors de sa rencontre avec les œuvres de Rodin, il s’agit de rappeler que son amour pour ce domaine s’explique aussi par une vénération des arts primitifs. Il est fascinant de voir, comment deux artistes séparaient par le temps, use d’un processus créatif commun. Ce qui est flagrant dans la confrontation des deux artistes, c’est leur gout pour la déformation. Rodin multiplie les fragments, qu’il pratique et façonne à part. Il distord l’anatomie, transcende les limites physiques. Picasso adopte la même technique, il détruit le corps humain en simplifiant à l’extrême ses contours. L’humain est dénaturé, pour que l’âme transparaisse.
Un travail en série : un gout pour l’inachevé
Rodin comme Picasso travaille en série. Comme un épisode de feuilleton, les deux artistes réutilisent les motifs employés précédemment dans leurs œuvres, jusqu’à arriver à une œuvre finale, l’aboutissement absolu. La porte de l’Enfer de Rodin n’est ni plus ni moins qu’un assemblage de plusieurs sculptures. Dans l’œuvre de Picasso, les mêmes motifs sont reproduits sur plusieurs de ses toiles. Pour les deux artistes, un motif est une source d’inspiration inépuisable, c’est l’incarnation de l’idée en puissance, qui ne prendra jamais fin. Le sujet a de multiples facettes et le but de Rodin comme Picasso est d’exploiter tous ses visages, toutes ses possibilités infimes afin que le spectateur ait la possibilité d’effleurer l’âme du modèle. Néanmoins, ses possibilités sont infinies, donc leur travail ne sera jamais fini.
Nous avons esquissé quelques points communs, mais il en existe beaucoup d’autres. L’exposition est donc l’occasion d’un dialogue inédit entre deux maîtres, à découvrir par vous même et à réinterpréter personnellement, une rencontre fascinante à ne pas manquer !
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