Martin Parr, photographe documentaire amusé et amusant

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À l’occasion de l’exposition « Réconciliation » à la fondation Cartier-Bresson à Paris qui réunit le travail de Martin Parr et de Henri Cartier-Bresson autour de l’Angleterre, Talivera vous propose de vous intéresser d’un peu plus près au photographe documentaire britannique Martin Parr et à son regard amusé porté sur notre monde contemporain.

Le regard tendre de Martin Parr sur la banalité 

Mariage royal, Walsall, 2011

L’ennui et le banal sont les sujets de prédilection de Martin Parr. Il immortalise les gens qu’il croise, leur travail, leurs loisirs : les passants, les ouvriers ou les coiffeuses au travail, une famille devant le mariage princier, des filles qui font la fêtes, des enfants qui mangent une glace à Blackpool, des vieilles dames au salon de coiffure… Ce ne sont pas des gens connus, ils n’ont pas de nom, ils ne nous rappellent rien sinon la banalité du quotidien. Comme Henri Cartier-Bresson, sa photographie est documentaire et porte un regard amusé et ironique sur l’époque, sur les événements et sur les gens qui les traversent. Les photographies sont tendres, font sourire, on se sent proche des sujets que l’on y croise, on croit les connaître tant ils sont communs. Les compositions sont souvent drôles et amusantes, transcrivent le regard du photographe.

Salon de coiffure, West Bromich, 2011

Martin Parr et les mœurs du monde contemporain

Dans ses photographies aux couleurs saturées, Martin Parr nous laisse percevoir une critique humoristique et candide des mœurs de notre société : certaines séries de photographies montrent l’esprit de surconsommation, la surpopulation, la part grotesque de notre époque. Des plages bondées, des sites touristiques assaillis de touristes en k-way multicolores, des chiens roses, des slips de bain aux couleurs du drapeau américain, une dame qui bronze près d’une énorme roue de chantier, des gamins qui prennent d’assaut le bar à hot dogs de la plage, un bébé qui boit du coca, les déchets qui jonchent le sol du bord de mer, le concours de miss de la plage… Ces photographies sont souvent drôles mais l’humour ne cache pas la critique, même amusée. 

La plage est au cœur du travail du photographe : de la plage de Liverpool aux plages de Rio, des plages italiennes aux plages d’Inde, Martin Parr se passionne pour cet environnement qui semble exposer plus qu’ailleurs la réalité des êtres, leur nudité, leur enthousiasme, leur vulnérabilité, leurs défauts. Il a d’ailleurs réalisé l’image du dernier album de la chanteuse populaire Louane, sur sa plage natale du Touquet. Dans ces photographies de plage, on rit avec lui de situations banales et grotesques propres à notre époque : la photographie nous prend à parti, on est amusé, mais on sait que l’on participe aussi des situations desquelles on rit. Martin Parr semble jouer de l’autodérision pour que le spectateur adhère à sa photographie.

Martin Parr et la photographie documentaire, une passion dévorante 

Martin Parr est né en 1952 à Epsom au Royaume-Uni. Il se passionne pour la photographie à 13 ans et construit une grande carrière qui l’amène à une renommée internationale. Il a aujourd’hui 70 ans et son travail fait l’objet de nombreuses expositions de par le monde, dont trois à Paris actuellement : à la fondation Cartier-Bresson, à la galerie Magnum et au Centre culturel irlandais.

On aime le mordant de ses photographies et la tendresse des sujets qu’il immortalise. Martin Parr, tout au long de son travail, nous propose une nouvelle approche de la photographie documentaire. Les nombreuses séries qu’il a tirées, toujours teintées de dérision et d’ironie, ont su charmer par la diversité des sujets, sa vision toujours contrastée et la facilité à se reconnaitre dans ses portraits.

De « The Last Resort » à « Réconciliation »

The Last Resort, réalisée entre 1982 et 1985, est la première série de photographies publiées de Martin Parr. Elle expose, entre satire et tendresse, les loisirs de la classe moyenne et ouvrière britannique prenant ses vacances dans la station balnéaire de New Brighton, près de Liverpool. Le succès a tout de suite été au rendez-vous. 
Depuis, Martin Parr, n’a eu de cesse de s’améliorer, proposant des sujets toujours au plus près du réel et donnant du sens à notre monde contemporain, toujours avec un brin d’humour anglais. 

Nos images préférées ? Celles qui montrent des vieilles femmes ensemble au salon de coiffure ou se tenant par le bras dans la rue : elles sont drôles et touchantes, la vieillesse de ces femmes est immortalisée par le photographe d’une façon joyeuse et colorée.

Black Pool, 2006

Exposition « Réconciliation » jusqu’au 12 février 2023 à la Fondation Henri Cartier-Bresson – 79, rue des Archives, 75003 Paris.

Image de mise en avant : Pérou, Machu Picchu ©Martin Parr, Magnum photos – Italie, Tour de Pise ©Martin Parr, Magnum photos

Cléo Ragasol

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