Une vocation tardive
Yves Klein est né à Nice le 28 avril 1928 de parents tous deux peintres. Cependant, son amour pour la peinture n’arrivera qu’assez tardivement. En effet, la passion première d’Yves Klein est avant tout les arts martiaux, au premier rang desquels le judo, qu’il pratique à un niveau encore inégalé par un français pour l’époque.
Cependant, dans cet amour de Klein pour le judo se trouve en réalité déjà les fondements de sa peinture future. C’est l’attrait pour le corps et une certaine spiritualité atteignable par le sport qui guide Klein vers la discipline. Il voyage alors beaucoup pour pratiquer les arts martiaux et c’est au cours d’un voyage au Japon de 18 mois que des expériences spirituelles vont définitivement tourner Yves Klein vers la peinture.
Fasciné par les exercices des monochromes japonais, Yves Klein réalise ses premières œuvres du genre sur des bouts de carton dès 1949.
Le monochrome, pratique emblématique de Klein
Les œuvres les plus marquantes, et sûrement les plus célèbres, d’Yves Klein sont bien évidemment ses monochromes.
Mais qu’est-ce qu’un monochrome exactement ? Un monochrome se définit comme une peinture non figurative réalisée dans une seule et même couleur. La peinture se suffit alors à elle-même, il n’y a pas besoin de ligne. Le positionnement dans le débat historique de l’art, qui oppose ligne et couleur est clair : c’est la couleur qui doit prédominer.
Cependant, si Klein a participé à populariser la pratique du monochrome, et en est sûrement l’artiste le plus emblématique, il convient de rappeler que ce n’est pas lui qui a inventé l’exercice. C’est Malevich qui invente le monochrome en 1915 avec son « Carré noir » en établissant que l’abstraction de la peinture amenait à l’abstraction de la pensée. Ceci s’inscrit dans le courant du Suprématisme dont le but était d’atteindre les limites de la peinture.
Le bleu Klein, le bleu le plus célèbre de l’art !
Si l’exercice du monochrome est le plus emblématique de Klein, ce sont surtout ses monochromes bleus qui l’ont propulsé vers la célébrité. Cependant, il convient de rappeler qu’il n’a pas réalisé que des monochromes bleus : il en existe des verts, des roses mais aussi des dorés, appelés « Monogold » !
Mais ce sont surtout les monochromes bleus de Klein qui ont su saisir l’intérêt des spectateurs, notamment à cause de leur intense couleur et de leur éclat. Ce bleu a même un nom : l’IKB ou International Bleu Klein.
L’IKB est un procédé protégé et déposé à l’INPI le 19 mai 1960. C’est l’association de la couleur à un certain liant qui est déposée, et non la teinte de ce bleu outremer. Ce bleu est tellement intense en pigment qu’il est difficile à retransmettre dans sa pureté : c’est seulement en associant ce pigment profond à un certain liant que Klein arrive à retransmettre ce bleu dans toute l’intensité recherchée. Et le pari est réussi car l’IKB conserve sa clarté et sa profondeur dans le temps, au point de ne jamais nécessiter de restauration !
IKB 3, Monochrome bleu, Yves Klein, 1960 – photo © Philippe Migeat
Le dépôt de cette couleur comme propriété industrielle par Yves Klein est d’ailleurs plus souvent considéré comme un acte artistique, une performance d’art conceptuel porteuse de sens, que comme un acte industriel ou commercial.
Pour Philip Ball, en déposant le Bleu, Yves Klein accomplit un acte artistique : il « ne cherchait pas seulement à protéger ses intérêts commerciaux mais voulait aussi marquer l’authenticité d’une idée créative » car « le véritable concept de cet art était d’inspiration technologique ».
Malheureusement, c’est cet amour de l’innovation technique qui va être la cause de la mort de Klein, terrassé par une crise cardiaque en 1962 à seulement 34 ans, dont la cause était probablement l’utilisation de matériaux toxiques lors de la création de ses liants.
Attention, contrairement à ce que pensent les détracteurs de la pratique, le monochrome bleu ne signifie pas simple aplat de couleur bleue sur une toile ! La texture est bien présente, en témoignent les travaux monochromatiques de Klein sur les éponges : par la dématérialisation et l’absence de représentation figurative c’est la sensibilité et l’émotion qui est recherchée par l’artiste. Le spectateur est amené à se plonger dans l’oeuvre et à vivre une expérience presque métaphysique !
UN BLEU AUX MILLE ET UN SENS
Le bleu chez Klein n’a rien d’anodin et se charge de multiples significations qui prennent leur source dans l’histoire de l’artiste.
Le bleu Klein est avant tout fortement lié à l’enfance d’Yves Klein à Nice, entre ciel bleu et eaux méditerranéennes. C’est cette expérience de contemplation de pures étendues outremer que Klein veut restituer dans ses œuvres. Une obsession qui le guidait déjà enfant lorsqu’il avait déclaré détester les oiseaux qui venaient perturber la pureté de son beau ciel bleu !
Mais le bleu est aussi et surtout significatif de spiritualité chez Klein, sujet qu’il explorait déjà dans son passion pour les arts martiaux et lors de son voyage au Japon. Le bleu est une couleur souvent associée à la religion, à la métaphysique : il est la couleur de l’immatériel.
Cette obsession pour la métaphysique chez Klein va se doubler d’un intérêt pour le cosmos, dont la couleur va avoir pour signature le doré.
La femme pinceau vivant
L’oeuvre de Klein ne repose pas que sur le travail de la peinture mais également sur une série de happenings. Le plus célèbre de ceux-ci étant sans doute sa pratique des anthropométries ou « Femme pinceau ». Celles-si sont initiées par Yves Klein en 1960 lors de sa soirée « anthropométries » où il présente aux invités cette technique de pinceaux vivants. Le principe ? Des femmes nues recouvertes de peinture bleue klein vont aller déposer les empreintes de leur corps sur des feuilles de papier recouvrant une partie de la salle.
Cette technique est symbolique du courant du Nouveau Réalisme dont le manifeste va être signé par les artistes présents lors de la soirée sur un monochrome bleu klein.
L’objectif du Nouveau Réalisme est un affront direct aux principes de la peinture réaliste du XIXe siècle : l’empreinte du corps issue de l’antropométrie sera toujours plus réelle que n’importe quelle représentation ultra-réaliste de ce même corps. Par cette technique, Yves Klein donne le corps à voir directement dans la peinture, tout en délaissant le figuratif. Le corps est l’outil et le corps est l’oeuvre d’art.
Ainsi, Yves Klein va venir révolutionner l’art conceptuel de son époque, en établissant l’idée comme véritable fondement de l’art, plus que le résultat.
L’infini bleu
Pour comprendre Klein et entrer dans son intimité, TALIVERA vous propose de découvrir depuis votre salon l’exposition qui se tient à Aix en Provence. Retraçant la carrière de l’artiste, de ses monochromes en passant par les anthropométries et les cosmogonies dorées, il s’agit de se plonger dans la volonté méditative et métaphysique de l’Oeuvre d’Yves Klein.
L’occasion de découvrir l’intérêt du monochrome, souvent moqué, souvent mal compris. L’Art conceptuel ne serait pas à la portée de tout le monde car trop intellectuel. Mais l’oeuvre de Klein, c’est tout l’inverse. Pas besoin de réfléchir, il suffit de ressentir! Une oeuvre qui doit avant tout être vue « en vrai » pour être comprise : c’est en se confrontant au monochrome qu’on saisit toute sa portée méditative ! Alors venez faire l’expérience du monochrome pour profiter de ses bienfaits. D’autant plus que le bleu est reconnu pour ses vertus apaisantes et reposantes, ça sert également à ça l’Art.
Réservation sur le site 👉 Conférence culturelle KLEIN
Les bienfaits des couleurs ne sont plus à prouver ! Et pour une mise en application immédiate et en avoir le coeur net, nous vous proposons également notre conférence en ligne sur l’artiste à l’occasion de l’exposition « Yves Klein, intime » qui se tient à Aix en Provence actuellement (jusque mars 2023) ! 👉 CONFÉRENCE TALIVERA KLEIN
N’hésitez pas à liker, partager notre page Talivera sur Facebook et à nous suivre sur Insta #talivera ! 🥰