La Fondation Cartier pour l’art contemporain nous propose une exposition dédiée à l’une des plus grandes photographes d’Amérique latine, la photographe mexicaine Graciela Iturbide.
Son oeuvre est le témoin de ses voyages à travers différentes régions du Mexique et le reste du monde, mais aussi de ses rencontres avec des populations locales qui accepteront de travailler avec elle.
Ses créations suivent des histoires singulières à la fois personnelles mais aussi universelles allant des années 70 à nos jours. L’exposition se divise en deux parties : la présentation de l’atelier de la photographe au sous sol et le rez-de-chaussée avec des clichés plus récents.
Passer les portes de l’atelier pour s’immerger dans un univers personnel teinté d’humanité
Le visiteur est transporté au 37 de la rue Heliotropo à Mexico dans le quartier Coyoacán. L’artiste ouvre les portes de son univers à la fois personnel et professionnel à travers une série de photographies réalisées par l’artiste Pablo López. Véritable havre de paix et de sérénité, le lieu construit de briques rouge est comme « coupé de l’extérieur ». Graciela Iturbide a choisi avec soin tous les objets (oeuvres d’art, livres qui l’aident à se documenter…) et les plantes qui l’entourent afin de stimuler sa créativité. Son fils, Mauricio Rocha, est d’ailleurs l’architecte responsable de la construction du bâtiment.
Revenons à l’exposition où, tout autour de cet espace, gravitent des portraits et des photographiques qui soulignent l’exploration de thématiques qui tiennent à coeur à la photographe : « saisir la partie la plus mystique de l’homme » comme elle aime le dire.
Des photographies à portée humaniste
La photographie est un rite pour elle, une manière de transmettre des émotions, de donner des significations aux choses qui en semblent dénuées à première vue, comme des affiches publicitaires en Inde, des chaussures, des couteaux, des déserts…
Partant à la rencontre des populations du monde, elle a réalisé une série de portraits des Indiens Seris du désert de Sonora qui captent parfaitement l’âme du modèle. Graciela Iturbide se charge d’attribuer une signification supplémentaires à leur quotidien. Elle se rend également dans des fêtes populaires, des carnavals afin de capter l’âme du moment et de la personne déguisée.
La photographe prend position en mettant en avant les femmes de Juchitán et leur rôle de prime importance dans la société. Ses portraits magnifiques sont le résultat d’une vraie relation qu’elle a pu construire avec elles en les côtoyant dans leur vie de tous les jours afin de les connaître en profondeur.
La captation de l’instant présent : la poésie du quotidien
Au rez-de-chaussée, le visiteur découvre des photographies au format carré, peu courant, en noir et blanc. De ces photographies le spectateur ressent le calme, l’apaisement des paysages magnifiés par une réelle esthétique. Le moindre détail a son importance. Elle capte les fragments d’une réalité poétique, d’un instant présent : un rayon de soleil à travers une vitre, une plante, un vol d’oiseaux ou encore un espace désertique du Sud des Etats-Unis.
Graciela Iturbide réalisa sa série Naturata (1996-2004) après avoir été invitée à photographier le jardin botanique d’Oaxaca en travaux, lieu qu’elle assimile d’ailleurs, avec humour, à un hôpital pour cactus : en effet, les plantes étaient soutenues par des tuteurs, protégées par des filets, retenues par des cordes, ce qui donne l’impression qu’elles sont en convalescence.
A l’occasion de cette exposition, elle a exceptionnellement laissé le noir et blanc pour réaliser une série en couleurs présentant des pierres aux couleurs éclatantes contrastant avec le reste des photographies.
Gracelia Iturbide Heliotropo 37 – Fondation Cartier pour l’Art Contemporain – 261, boulevard Raspail – 75014 Paris
Exposition prévue jusqu’au 29 mai 2022
Photographie de couverture © Graciela Iturbide