Agnès Varda a marqué l’histoire du cinéma par ses œuvres engagées et intimes témoignant des évolutions sociales des années 1950 à nos jours. Personnalité talentueuse et lumineuse du cinéma français, elle a reçu le succès tant critique que populaire pour sa modestie et sa proximité avec son public. Alors qu’elle nous quittait il y a deux ans, retour sur le parcours hors du commun de cette artiste aux multiples facettes.
Une réalisatrice prodige
Agnès Varda est née en 1928 dans la ville d’Ixelles en Belgique. D’origine française et grecque, sa famille fuit la guerre en 1940 pour s’installer à Sète en France qui deviendra plus tard le décor de son premier film. Très tôt passionnée par l’art, la jeune Agnès Varda monte rapidement à Paris pour y effectuer des études dans les très prestigieuses Ecole des Beaux-Arts et Ecole du Louvre. C’est alors en photographie qu’elle s’illustre particulièrement, et rencontre rapidement un succès commercial et artistique à la fin de ses études.

Le tournant pour le cinéma se fait en 1954 lorsqu’Agnès Varda réalise son premier long métrage La pointe courte. Le succès critique est immédiat : cette jeune réalisatrice est un nouveau souffle pour le cinéma français et la luminosité de ses créations surprend déjà les commentateurs de l’époque.

Elle s’affirme alors comme une précurseure du mouvement de la Nouvelle Vague qui va révolutionner le cinéma français des années 1960. Cependant, elle ne se revendiquera pas du mouvement, étant plus proche du cinéma d’Alain Resnais ou de son époux Jacques Demy. Ce cinéma dit de la rive gauche et coloré, lumineux, joyeux représente bien l’impulsion de la jeunesse de l’époque. En soulevant les bouleversements sociaux des années 60, elle n’est cependant pas attachée à la révolution politique des années post 1968 comme celui de la nouvelle vague. Le cinéma d’Agnès Varda n’en est pour autant pas moins engagé.
Une artiste engagée
La filmographie d’Agnès Varda est marquée par des projets qui sont des véritables partis pris politiques de la réalisatrice. Sans s’affilier à des partis politiques, elle défend les avancées sociales comme des évidences. Féministe et très engagée dans ses combats, elle défend le droit à l’IVG dans « L’une chante, l’autre pas » en 1977. Plus tard, mais en avance sur les problématiques du 21ème siècle, elle réalise son documentaire « Les glaneurs et la glaneuse » où elle montre l’absurdité du gaspillage et des dérives de la société de la consommation. Dans le film « Sans toit ni loi » qui a fait le plus grand succès public récompensé par le Lion d’or à la Mostra de Venise et par un César pour Sandrine Bonnaire qui tenait le rôle principal, elle relate la vie d’une jeune fille marginale et vivant dans la rue.
Ses films et documentaires présentent dans le quotidien de vies à la rencontre d’hommes et de femmes les nouveaux enjeux politiques et sociaux. Dénués de condescendance et teintés d’une naïveté convaincante, les films d’Agnès Varda ont été durant toute sa carrière d’une modernité désarmante pour son époque.
Le cinéma de la vie
Le cinéma d’Agnès Varda s’est progressivement illustré comme profondément intimiste. Traitant de sujets parfois personnels, comme la maladie de son mari, Agnès Varda n’a pas hésité à se mettre également au devant de sa caméra. Rappelant ainsi au spectateur qu’elle lui offre son point de vue optimiste et subjectif.

Agnès Varda ne s’est pas uniquement illustrée comme réalisatrice: Photographe et artiste de talent, elle n’a cessé de combiner les disciplines pour apporter un discours engagé mais optimiste sur nos sociétés actuelles. Ses œuvres, inspirées par la peinture mais aussi par la littérature, invitent à créer des parallèles entre les époques, entre les cultures, entre le passé et le présent.
