Bénéficiez d’une expérience unique avec cette pièce de théâtre que nous vous proposons de découvrir en petit groupe. Un texte qui nous permettra d'aborder la question de la collaboration, de la réussite et du courage des Français en ces temps de guerre. L’action de vendre des bijoux aux nazis fait-elle du commerçant lui-même un collaborateur ? Se moque-t-on de la provenance de l’argent ? Le courage doit-il être plus fort que la peur ?
Paris, 1942. La France est occupée par les Allemands. Les Juifs sont pourchassés. Monsieur Haffmann, bijoutier d’origine juive, demande alors à son employé Pierre Vigneau de reprendre sa boutique et de le sauver de la menace allemande.
La pièce met en lumière des hommes ordinaires, devenus des héros dans un contexte de guerre, le courage ayant pris le pas sur la peur.
« Je ne sais pas vraiment d’où m’est venu l’idée de cette pièce : sans doute de mes premiers souvenirs d’enfance avec “Bon Papa Alban” qui me promenait pendant des heures dans le cimetière de Montauban. On s’arrêtait devant chaque tombe, il me racontait la vie des morts… et j’adorais ça. Sans doute de ce « voyage scolaire » à Auschwitz qui m’a éloigné de l’enfance tout en me rapprochant de l’horreur dont sont capables les Hommes. Sans doute de tous ces amis touchés par la stérilité et qui cherchent par tous les moyens à avoir un bébé. Une pièce qui parle d’amour, de courage et de peur... et qui au cœur de l’Histoire, aide à mieux comprendre le désordre des Hommes.
L’écriture d’Adieu Monsieur Haffmann par sa construction dramaturgique et rythmique peut faire penser à un scénario de film. Autant j’adore le cinéma autant je n’aime pas le jeu “naturel” du cinéma au Théâtre. Je me suis attaché dans ma direction de jeu à proposer un point de vue rythmique guidé par cette conviction intime qui influence toutes mes mises en scènes du répertoire classique et contemporain : « Les temps du Théâtre ne sont pas les temps de la vie ».
On ne respire pas au Théâtre comme dans la vie, on ne parle et on ne bouge pas au Théâtre comme dans la vie. Je pense en effet, que le Théâtre a pour devoir de proposer un langage de jeu « extra-ordinaire »… que ce soit au niveau de l’engagement physique et émotionnel ou de la valeur du son, des silences et du rythme… vigilance encore plus accrue quand on s’attaque à une écriture contemporaine qu’on peut vite tirer vers un côté “conversation” que je déteste.
Par ailleurs, je me retrouve tout à fait dans ce gentil reproche adressé par Anouilh à Jean-Louis Barrault qui jouait dans une de ses pièces : “Ce n’est pas vous mais le public qui doit pleurer”. Donc pas de complaisance émotionnelle et narcissique, pas de quatrième mur, pas de gestes qui ne servent à rien, pas d’onomatopées gratuites qui précèdent ou concluent les répliques. J’ai voulu une parole forte et vive qui circule à travers des comédiens puissants et généreux qui transpirent le plaisir de transmettre cette histoire jusqu’au fond de la salle.
Même principe pour les costumes et la scénographie que j’ai imaginé sobres et efficaces. Je n’aime pas les décors et costumes trop illustratifs qui étouffent les comédiens. Je n’ai voulu que des éléments essentiels sur scène permettant aux spectateurs d’imaginer en deux temps trois mouvements qui sont les personnages et où ils se trouvent : une table, trois chaises et la radio dans la cuisine ; le bureau, deux chaises, un lit simple et le tableau de « La Femme assise » dans la cave… avec un fauteuil de cinéma on est au Cinéma, avec une plaque de bois on est dans une salle de claquettes. L’élégante sobriété du décor et des costumes impliquant évidemment une création lumière et sonore très fine " .
Jean-Philippe Daguerre
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